IDENTITÉ TERROIR CHAMPAGNE BENOÎT COCTEAUX

Catégories : terroir, reportage photo, branding

LE BRIEF

Que l’on soit consommateur occasionnel ou amateur averti, nous avons tous été sensibilisés au moins une fois à la notion de terroir. Mais concrètement, de quoi parle t-on lorsqu’on évoque ce fameux goût du terroir ? Comment expliquer aux consommateurs que l’identité de chaque parcelle a un impact dans l’expression aromatique des vins ?

Les scandales à répétition dans l’industrie agro-alimentaire, l’émergence d’application de traçage des produits (ex. : Yuca), le réchauffement climatique, les politiques environnementales, les circuits courts, le bien-être animal… Les raisons sont nombreuses pour qu’un consommateur souhaite en savoir plus sur ce qu’il achète et déguste. Le secteur du vin ne fait pas exception. Désormais, les notions de traçabilité et d’origine sont au cœur du processus d’achat des néo-consommateurs. Ces derniers ont besoin de s’assurer que leurs choix sont bons. Pour eux ET pour la planète.

Un phénomène qui se répercute en Champagne dans la façon de travailler et de communiquer de tous les acteurs de la filière. Vignerons, coopératives et Maisons de négoce ont enclenché un travail en profondeur pour mieux comprendre et retranscrire ce qui se passe sous nos pieds. Des recherches qui leur ont permis de se réinventer en proposant des champagnes de caractère. L’émergence de cuvées « parcellaire + mono-cépage + millésimé » côtoient désormais le classique « brut sans année ». Un choix audacieux quand on se remémore la méthode champenoise. Un assemblage de cépages et d’années. Face à la montée en puissance de la notion de terroir, certains domaines souhaitent mettre en place des actions concrètes. À l’image d’Hélène et Benoît, récoltants-manipulants localisés à Montgenost, sur les coteaux Sud du Sézannais.

Le Champagne Benoît Cocteaux souhaitait être accompagné dans l’analyse, la compréhension et la retranscription de son terroir. Pour répondre à sa demande, nous avons proposé la réalisation de fosses pédologiques afin de cartographier et dresser l’identité terroir des parcelles du domaine.

LE PROJET

Le terroir champenois est unique au monde. Formé il y a 20 millions d’années, il est le résultat d’une combinaison de facteurs naturels. Composée de six régions viticoles (allant de la Montagne de Reims, à la Côte des Bar en passant par la Vallée de la Marne, la Côte des Blancs, les Coteaux du Sézannais et les Coteaux du Vitryat) l’A.O.C Champagne revendique 34 000 hectares sur 319 crus, dont 17 classés Grand Cru et 44 Premier Cru. Une multitude de terroirs au regard des 280 000 parcelles (d’une surface moyenne de 12 ares) qui morcellent l’appellation.

Le Champagne Benoît Cocteaux est implanté à Montgenost. Le domaine, d’une superficie de dix hectares, est réparti sur plus de deux cents kilomètres : des Coteaux du Sézannais, à la Côte des Bar en passant par la Vallée de la Marne et la Côte des Blancs.

Hélène et Benoît, vignerons indépendants, ont toujours été très engagés dans la préservation de l’environnement. Ils prônent une viticulture durable où la Nature s’auto-régule le plus possible. Un engagement qui se traduit au quotidien dans le travail de la vigne et des sols avec l’installation d’abris pour la faune, le labour et un grand respect des cycles de la plante…

Des efforts triplement récompensés avec l’obtention des certifications Haute Valeur Environnementale, Viticulture Durable en Champagne et Terra Vitis

Hélène et Benoît souhaitaient mieux comprendre les répercutions de leur travail sur les sols. Pour répondre à leurs attentes, nous avons proposé et mis en place avec Geoffrey Orban – œnologue et fondateur d’Éducavin – des fosses pédologiques sur plusieurs parcelles du domaine.

Les bénéfices de l’identité terroir sont multiples. Il s’agit avant tout d’apporter des réponses concrètes sur les bénéfices du travail du sol. La voie choisie est-elle la bonne ? Des ajustements sont-ils nécessaires ? Dans un second temps, elle permet d’apporter de la matière sur les vins. Posséder un grand terroir ne fait pas tout. Il faut bien le connaître pour exprimer tout son caractère. En réalisant des fosses, nous allons pouvoir mettre en évidence la typicité de chaque secteur et parcelle. Parfois, la réalisation d’une fosse ou d’un carottage fait prendre conscience du potentiel extraordinaire d’une parcelle. La marque sélectionne ce « lieu de naissance » pour enrichir sa gamme en créant un champagne de terroir ou champagne de lieu-dit.

Plus largement, ces données ont une dimension éducative. Les informations récoltées vont permettre d’alimenter l’ensemble des outils de communication : fiches techniques, réseaux sociaux, site Internet, plaquette de marque… Enrichie de vocabulaire et de nouvelles connaissances, la marque va pouvoir adapter son discours selon le public ciblé et apporter les preuves de ce qu’elle avance sur ses produits. Qu’il s’agisse de particuliers ou de professionnels France et Export (cavistes, CHR ou importateurs…).

LA RÉALISATION

Avant de pouvoir procéder à la réalisation de l’identité terroir, plusieurs étapes préalables sont nécessaires. À commencer par la sélection des parcelles. Après une étude précise de l’encépagement du domaine, trois villages sont retenus : Montgenost sur les Coteaux du Sézannais. Cramant et Chouilly sur la Côte des Blancs.

Pour obtenir une analyse précise, les coupes de sols sont réalisées en début de route, à 2 mètres de profondeur minimum. Bien qu’il soit possible de procéder à des carottages manuels, ce format XXL s’avère idéal pour visualiser le complexe racinaire et le comportement de la vigne. Des prélèvements sont réalisés à plusieurs niveaux : 30 cm, 60 cm, 80 cm et enfin 1,50 m. Rien n’est laissé au hasard. Exactement là où la vigne puise ce dont elle a besoin. Le fameux « goût du terroir » qui va s’exprimer dans les vins. Chaque strate est déposée dans un récipient avant d’être analysée visuellement.

L’analyse sensorielle est exécutée en deux temps. Un extrait de terre est prélevé avant de rejoindre un verre à dégustation. L’expérience olfactive débute. Les verres sont remplis d’eau pour diluer le calcaire et exalter les arômes. On peut alors commenter la typicité des parcelles et révéler toutes les nuances du terroir.

La terre arable offre des notes de légumineuses. Le limon est plus floral. La craie pure et blanche exprime des fragrances d’agrumes (pamplemousse, citron)… Plus étonnant encore. Cette promesse gustative est un parallèle fantastique avec la cuvée issue de la parcelle. En faisant la comparaison entre la terre et le vin, Hélène et Benoît découvrent des aromatiques très proches. Les pieds ancrés dans la terre, ils observent le potentiel futur de la cuvée. Le vigneron pourra alors confirmer s’il a fait les bons choix ou s’il doit réajuster sa stratégie viti-vinicole.

Une fois l’expérience terminée, le vigneron se voit remettre un rapport complet de l’identité terroir. De la formation géologique de la parcelle à son expression aromatique, tout est détaillé techniquement et visuellement afin d’apporter un maximum d’informations aux vignerons. Terre, prélèvements, fosse, roches, dégustation…

Pour conserver une trace historique de ce moment, un reportage photo est réalisé tout au long de la journée. La mise en images d’une expérience gustative originale et unique en son genre. L’identité terroir du Champagne Benoît Cocteaux.